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qui aurait pu passer pour hardi, quand même l’état de la Nouvelle France aurait été aussi florissant qu’il était déplorable : ce fut de conquérir la Nouvelle York. M. de Callières en ayant communiqué le projet au gouverneur général, passa en France, pour le proposer à la cour, comme le seul moyen de prévenir l’entière destruction de la colonie française du Canada.

On passa assez tranquillement l’hiver et une partie de l’été de 1689 ; mais le 25 août, 1500 Iroquois descendirent, de nuit, dans l’île de Montréal, à l’endroit appellé la Chine. Trouvant tout le monde endormi, ils se mirent d’abord à enfoncer les portes, et ensuite à brûler les maisons, et commencèrent un massacre général des hommes, des femmes et des enfans, faisant souffrir à ceux qui tombaient entre leurs mains tous les tourmens que la fureur pouvait leur faire imaginer. En moins d’une heure, ils firent périr, dans les plus horribles supplices, plus de deux cents personnes de tout sexe et de tout âge, et après cette terrible boucherie, ils s’avancèrent jusqu’à une lieue de Montréal, faisant partout les mêmes ravages, et exerçant les mêmes cruautés.

Au premier bruit de ce tragique évènement, M. de Denonville, qui se trouvait à Montréal, donna ordre à un lieutenant de troupes de se jetter dans un fort dont il craignait que l’ennemi ne se rendît maître. À peine cet officier y était-il entré, qu’il se vit investi par un gros d’Iroquois, contre lesquels il se défendit longtemps avec courage ; mais tous ses gens ayant été tués, et lui-même étant blessé grièvement, les assaillans entrèrent dans son fort, et le firent prisonnier. Alors toute l’île demeura en proie aux vainqueurs, qui en parcoururent la plus grande partie, laissant partout des