Page:Bibaud - Histoire du Canada sous la domination française, Vol 1, 1837.djvu/134

Cette page a été validée par deux contributeurs.

britannique. Il ajoutait que M. de la Barre n’avait pas cru devoir s’engager dans une pareille expédition, sans lui en avoir auparavant donné avis.

M. de Denonville lui fit réponse qu’ils étaient loin de compte, s’il regardait les Iroquois comme sujets du roi d’Angleterre, et que, quant à la démarche de son prédécesseur, il lui déclarait que ce n’était pas pour lui un exemple à suivre. Le gouverneur du Canada parlait avec d’autant plus d’assurance, dit le P. Charlevoix, qu’il croyait être en droit d’accuser de mauvaise foi celui de la Nouvelle York. Il venait d’apprendre que M. de la Durantaye avait rencontré, sur le lac Huron, soixante Anglais, escortés par des Tsonnonthouans, et conduits par un Français, avec des marchandises, pour faire la traite à Michillimakinac.[1] Le fait de ces traitans anglais était une contravention aux conventions faites entre les couronnes de France et d’Angleterre ; mais le colonel Dunkan pouvait l’ignorer, et conséquemment n’être pas coupable de mauvaise foi, non plus que d’infraction des traités.

De Catarocouy M. de Denonville se transporta à la rivière des Sables, en-deça de la baie des Tsonnonthouans. Par un heureux hazard, les Canadiens et les

  1. Les marchandises de ces Anglais furent confisquées et distribuées aux Sauvages, et ils furent eux-mêmes retenus prisonniers, ainsi que les Iroquois qui les escortaient. Quant au Français qui leur avait servi de guide, M. de Denonville le fit fusiller : châtiment sur lequel Lahontan s’écrie à l’injustice, par la raison qu’il y avait paix alors entre l’Angleterre et la France ; que Charlevoix approuve, en prétendant que ce Français combattait contre le service de son prince, et que, pour tenir un juste milieu, nous qualifierons de sévère et disproportionné à l’offense.