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le Canada, M. de Denonville proposa au ministre des colonies (M. de Seigneley,) par une lettre datée du 8 mai 1686, de construire à Niagara un fort capable de contenir une garnison de quatre à cinq cents hommes, tant pour fermer aux Anglais le passage des lacs, et empêcher les Sauvages de leur porter leurs pelleteries, que pour tenir les Iroquois dans la crainte et le respect, et offrir un rendez-vous, et même un refuge, en cas de besoin, aux alliés de la colonie. Les marchands de Québec qui commerçaient avec les Sauvages de l’Ouest, goutèrent fort le projet du gouverneur, et offrirent même de contribuer de tout leur pouvoir à son exécution. Pendant que M. de Denonville promettait ce nouveau fort, il renforçait et approvisionnait abondamment celui de Catarocouy.

Le gouverneur de la Nouvelle York, attentif à toutes les démarches de celui de la Nouvelle France, lui écrivit une lettre dont la substance était, « Que les grands amas de vivres qui se faisaient au fort de Frontenac, persuadaient aux Iroquois qu’on avait dessein de leur déclarer la guerre ; que ces peuples étant sujets de la couronne d’Angleterre, les attaquer, ce serait enfreindre la paix qui subsistait entre les deux nations ; qu’il avait aussi appris qu’on se proposait de construire un fort à Niagara, et que cette nouvelle l’avait d’autant plus étonné, qu’on ne devait pas ignorer en Canada, que tout ce pays était de la dépendance de la Nouvelle York. »

L’intention du marquis de Denonville était bien d’attaquer les Iroquois : mais comme il n’était pas encore prêt à le faire, il répondit au gouverneur anglais, « Qu’y ayant une grosse garnison à Catarocouy, il