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fendre d’un ennemi qui ne faisait la guerre que par surprise. »

Outre les soldats du régiment de Carignan, M. Talon avait amené avec lui, une partie des cinq cents familles que le roi lui avait promises. On vit arriver avec joie, à Québec, cette nouvelle recrue d’habitans. On ne songeait alors, dit Charlevoix, qu’à peupler le pays, et l’on n’était plus aussi scrupuleux qu’autrefois sur le choix des colons. Il y avait déjà dans la colonie « des mauvais garnemens, » et même des scélérats. Trois soldats français ayant rencontré un chef iroquois qui avait beaucoup de pelleteries, l’ennivrèrent et l’assassinèrent. Quelques précautions qu’ils eussent prises, pour cacher leur crime, ils furent découverts et mis en prison. Pendant que leur procès s’instruisait, trois autres Français rencontrèrent six Mahingans, qui avaient pour environ mille écus de marchandises : ils les massacrèrent, après les avoir ennivrés, et eurent l’effronterie d’aller vendre leur butin, qu’ils voulurent faire passer pour le fruit de leur chasse. Les corps de leurs victimes furent trouvés percés de coups et tous sanglants, et reconnus par des Sauvages de leur tribu.

Les Mahingans soupçonnèrent d’abord les Iroquois du meurtre de leurs gens ; mais bientôt le bruit se répandit que c’étaient des Français qui avaient fait le coup. De leur côté, les Iroquois ne tardèrent pas à être instruits de l’assassinat de leur chef : on leur assura même que deux des assassins avaient été accusés par le troisième d’avoir comploté d’empoisonner tous les gens de leur nation qu’ils rencontreraient. Il n’en fallut pas davantage pour les faire entrer en fureur. Il n’y avait donc pas un moment à perdre pour éviter de se voir replon-