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femmes et les enfans s’étaient retirés dans les bois, et les guerriers se tenaient éloignés, en attendant l’issue des négociations entamées par les Onneyouths. Il y eut néanmoins quelques escarmouches, pendant la nuit, avec des coureurs agniers, dont quelques uns furent tués, et d’autres faits prisonniers. Il n’y eut aucun Français de tué ni de blessé, mais un officier et quatre ou cinq soldats périrent de froid ou de fatigue.

À son retour à Québec, M. de Courcelles trouva les préparatifs de l’armement contre les Agniers et les Onneyouths déjà fort avancés. Six cents soldats du régiment de Carignan, un pareil nombre de Canadiens, et environ cent Sauvages de différentes tribus, composaient l’armée du marquis de Tracy : malgré son âge plus que septuagénaire, il voulut la commander en personne. Comme il se disposait à partir, de nouveaux députés des deux cantons arrivèrent à Québec. Il les retint prisonniers, et se mit en marche.

M. de Courcelles menait l’avant-garde, qui était de quatre cents hommes. M. de Tracy était au centre, avec le chevalier de Chaumont et plusieurs autres officiers de mérite : l’arrière-garde était conduite par les capitaines Sorel et Berthier. On n’avait pris de provisions de bouche que ce qu’il en fallait pour gagner le pays ennemi ; mais comme on n’eut pas soin de les ménager assez, elles manquèrent, lorsqu’on fut à moitié chemin ; et l’armée aurait été forcée de se débander pour chercher de quoi subsister, si elle ne fût entrée dans un bois de châtaigniers, qui lui procura une nourriture assez substantielle, pour l’empêcher de périr ou de s’affaiblir, jusqu’à ce qu’elle fût arrivée chez les Agniers.