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des tentatives d’agitation dans le district de Montréal et une espèce de frénésie dans le Canadien, le Vindicator et la Minerve. Le premier parut avoir oublié combien de fois notre chambre d’assemblée s’était montrée grandement offensée même du semblant du blâme indirect de sa majorité, par exemple, d’une santé portée à sa minorité, durant la levée, tandis qu’on avait pu boire autant de fois qu’on l’avait voulu à la patriotique, « vertueuse », et glorieuse minorité du conseil, sans que la majorité de ce corps eût seulement paru y faire la moindre attention.

Comme pour narguer le conseil législatif, la Minerve republia dans son numéro du 19, l’écrit que ce corps avait qualifié de libelle diffamatoire, en l’accompagnant de nouvelles injures et de folles menaces[1].

L’agitation ne fut que passagère à Québec, elle fut plus marquée à Montréal, et de plus longue durée. Le 25 janvier, d’après avis préalable, il y eut, au faubourg St. Laurent, un rassemblement, où il fut prononcé des discours, et adopté des résolutions, censurant sévèrement le conseil législatif, approuvant MM. Duvernay et Tracey, et leur offrant, à l’imitation de ce qui avait été fait à York, à chacun « une médaille d’or ».

Les résultats les plus déplorables de cette effervescence de la jeunesse, ou de l’ignorance, de cette soudaine exaltation mentale, où « en appelant la justice,

  1. « Nous avons trop longtems toléré cette branche de la législature ; il faut l’arrêter dans sa marche… La chambre d’assemblée a le pouvoir de mettre un frein à ses écarts. Le pays doit donc appuyer la chambre dans les mesures qu’elle pourrait adopter ; autrement nous ne mériterions pas d’être libres. Bientôt, le pays en masse dira comme Caton le censeur, avec la chambre et avec nous : Delenda est Carthago. Le pays sera surpris d’apprendre la division qui a eu lieu en chambre, sur les résolutions de M. Bourdages relatives au conseil ; il peut se rassurer, car il sera adopté des mesures encore plus énergiques et plus efficaces que celles dont la chambre a eu à s’occuper à cet égard. »