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de liberté raisonnable, qui n’est surpassé dans aucune partie du monde civilisé ; que le peuple loyal de cette province est exhorté par ces publications, à se joindre pour détruire toute influence juste et raisonnable de la part de la couronne, pour arrêter l’introduction des habitans de la métropole en Canada[1] et pour adopter enfin des mesures, qui, si elles étaient adoptées, changeraient en république la forme actuelle de ce gouvernement monarchique, parceque, par ce moyen, le gouverneur en chef, les ministres du roi et le public pourraient acquérir une connaissance exacte des sentiments du conseil législatif, par rapport à ces écrits calomnieux et révolutionnaires, parceque l’occasion serait donnée de considérer duement les moyens de faire punir leurs auteurs, et d’empêcher que la paix et le bonheur des loyaux sujets canadiens de sa Majesté ne soient troublés désormais par de semblables publications. »

Pour revenir aux prisonniers du sergent-d’armes, amenés à la barre du conseil, M. Duvernay répondit aux questions qui lui furent faites, qu’il n’était pas l’auteur de l’article incriminé, mais qu’il était l’imprimeur et le propriétaire de la Minerve, etc. Le rédacteur du Vindicator paraissant vouloir répondre à la façon du sieur Mackenzie, le président l’arrêta, en lui disant de ne se pas compromettre.

L’un et l’autre furent condamnés à demeurer emprisonnés jusqu’à la fin de la session.

Ce procédé du conseil législatif, loin d’arrêter le mal sembla l’empirer : du moins en résulta-t-il des manifestations populaires bruyantes, à Montréal et à Québec,

  1. Si les auteurs de ces « publications » s’étaient contentés de se prononcer en termes convenables, contre une émigration systématique ou surabondante, ils ne seraient pas sortis des bornes de la liberté des opinions et de la presse.