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mélangée, par l’affluence toujours croissante d’émigrés des Îles Britanniques, et particulièrement de l’Irlande, et que, parmi les émigrés irlandais, le plus grand nombre avait apporté avec eux, outre un caractère et un comportement social particuliers à leur pays, le ressentiment de l’oppression et de la misère, la haine du gouvernement et des autorités. Le Canadian Spectator, avait été rétabli, sous le titre de Irish Vindicator, plutôt dans l’intérêt passé que présent de cette classe d’émigrés, ou dans la vue d’une alliance, d’une association d’idées et de sentimens entre eux et les Canadiens d’origine française[1], et la rédaction en avait été confiée à M. Daniel Tracey, homme instruit, mais d’une violence de caractère qui pouvait passer pour peu commune, même parmi des gens à violentes passions, ou préventions politiques.

La rédaction de la Minerve avait pris, depuis quelque temps, un caractère de virulence mêlée d’absurdité, inconnu jusqu’alors dans les journaux français du Canada. La veille même de l’ouverture du parlement, il avait paru dans ce journal un article qu’il nous répugnerait de qualifier, et la rédaction, ou la correspondance continua sur le même ton et dans le même style, jusqu’au commencement de janvier. Alors, mis comme hors d’eux-mêmes, par ce qui se disait et se faisait, dans notre chambre d’assemblée et ailleurs, les rédacteurs du Vindicator et un correspondant de la Minerve crurent pouvoir impunément, non pas seulement censurer un ou plusieurs actes, présents, ou

  1. Les Irlandais soulagent leur ressentiment envers la métropole, en sympathisant avec les Canadiens. Ceux-ci par leur condition politique et par leur caractère affectueux, s’attachent et les peuplades indigènes et les troupes d’émigrans. En dehors de cette alliance, se tiennent les royalistes américains. Que d’alimens pour les opinions politiques, que de préventions surgissent, funestes aux vrais intérêts du pays ! — M. Lebrun.