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monie régnait entre le lieutenant-gouverneur et les chambres ; le peuple ne s’apliquait pas autrement ; la province entière jouissait de la tranquilité. Cet état de choses n’était pas, en apparence, le fait de M. W. L. Mackenzie, soit que ses affaires pécuniaires en souffrissent[1], soit que l’esprit d’agitation et de discorde le maîtrisât, il résolut de recourir à sa tactique accoutumée. Il publia consécutivement, dans les numéros du 24 novembre et du 1er décembre, (1831), deux articles particulièrement injurieux à la majorité de la chambre d’assemblée, dans le dernier desquels, intitulé : « Bel exemple du Bas-Canada », on lisait, entre autres choses : « Notre corps représentatif a dégénéré en un bureau de sycophantes, pour l’enrégistrement des décrêts du pouvoir exécutif, le plus vil, le plus mercenaire qui ait jamais existé, ” &c.

Le 7, il fut résolu, dans la chambre d’assemblée, à la majorité de 23 contre 17, « que les deux articles sus--

    avec franchise et sincérité envers le gouvernement. Que les membres jettent un coup-d’œil sur la réponse du gouverneur à notre adresse de l’année dernière ; il nous supplie et conjure de lui dire si elle contient tous nos griefs… Après que notre requête a été reçue favorablement, on revient encore avec une nouvelle édition (augmentée) des griefs, et l’on en aura probablement une tous les ans. Le public pourrait bien dire à bon droit, mais n’avez-vous rien autre chose à traiter que des griefs, et parmi les nombreux objets qui méritent votre attention, toujours des griefs, rien autre chose que des griefs, il semble qu’on en a assez parlé. On se plaint que le peuple n’a pas assez d’influence dans le gouvernement : mais dans le fait nous sommes presque gouverneurs ; nous avons l’argent et tout l’argent, le nerf des gouvernemens ; les moyens de faire ou de ne pas faire. Au sujet du conseil, nous avons dit au gouvernement tout ce qu’il était nécessaire de dire, on nous a promis de travailler, et on travaille à son amélioration. Que ferions-nous sans la protection de la Grande-Bretagne ? Si nous étions laissés à nous-mêmes, avec une population de 500,000 âmes, nous serions bientôt engloutis par ceux qui sont autour de nous. Il n’y a pas de pays dans le monde dont les habitans soient plus heureux que nous le sommes. — Discours de M. Laterrière.

  1. « Les écrivains graves, qui ne parlent qu’à la raison, ne sont lus que par le petit nombre ; ceux qui s’adressent aux passions trouvent de bien nombreux lecteurs. » — De la licence de la presse.