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officiers[1], parcequ’il ne les croyait pas nécessaires ou parcequ’il voulait les tenir perpétuellement sous sa dépendance immédiate, exercer sur eux un contrôle direct, une espèce de coercition ou d’intimidation. La première raison aurait été frivole ; la seconde insensée, et la troisième odieuse. Mais, quelle que fût la raison de son refus, il n’en était pas moins vrai que la colonie était mise en collision avec la métropole, sa tranquillité future perdue de vue, et son avenir compromis, pour la manière de voter la modique somme de £1,300, et cela, après des concessions auxquelles nul homme raisonnable et éclairé ne se serait attendu. De très grands effets sont quelquefois provenus de causes très petites, en apparence, mais nous ne croyons pas que, dans l’histoire, ancienne ou moderne, on puisse trouver l’exemple du salut, du bien-être politique et social de tout un peuple, sacrifié à une pareille vétille, à une aussi pitoyable pointillerie ; et pour n’attribuer la chose qu’à une erreur de jugement, à une déplorable infatuation, la chambre faisait cet inconcevable faux-pas, dans le même temps qu’elle se votait à elle-même £3,600 annuellement, pour la durée du parlement, outre les £1,000 accoutumés, à son orateur. Ayant obtenu de la complaisance de lord Aylmer la suspension du procureur-général, la chambre d’assemblée crut qu’elle obtiendrait aussi facilement la destitution du juge Kerr. Par suite de la pétition de M. Gugy, son comité des griefs, après avoir rapporté douze chefs d’accusation, conclut à l’effet qu’une humble adresse soit présentée à son Excellence, le gouverneur en chef le priant de faire usage des pouvoirs respectifs qu’il tenait de sa commission, pour destituer l’honorable James Kerr des situations de juge sub--

  1. Le Haut-Canada venait de suppléer à cet oubli.