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grand savoir politique, diplomatique et légal. Du 8 au 14 mai, il avait été présenté au conseil, sur l’état de la province, cinq séries de propositions, par les honorables Richardson[1], Ryland, Cuthbert, Pothier, et Viger[2], se montant à 75. La première fut adoptée le 18, et les 74 autres furent référées à un comité spécial, composé de MM. Coffin, Stewart, De Léry, Hatt, et Moffatt. Le 26, ce comité fit rapport d’une sixième série de 20 propositions. Le 30 et le 31, ces propositions furent prises en considération dans un comité de toute la chambre, analysées, modifiées et réduites aux 18 qui suivent :

« 1o. Que le véto donné par la constitution au gouverneur est insuffisant pour garder la prérogative

  1. M. Richardson semblait récriminer, ou combattre la violence par la violence, mais sans égaler MM. Bourdages et Papineau, car il ne demandait pas que la chambre d’assemblée fût abolie, ou que les membres en fussent nommés par le roi, mais il disait (en substance), que le conseil législatif voyait avec une inquiétude extrême les concessions que le gouvernement du roi avait intention de faire à l’assemblée, offrant de lui abandonner le droit d’appliquer un revenu considérable, en considération d’un revenu comparativement modique ; que la pratique de l’assemblée, inouïe même dans les républiques, de discuter annuellement la quotité des salaires de tous les officiers publics, serait cause que ces officiers chercheraient plus à capter la bienveillance du parti dominant dans cette chambre qu’à remplir fidèlement leurs devoirs envers le public ; qu’une telle pratique devait avoir l’effet de changer la présente constitution en une république de la pire espèce, en mettant entre les mains du corps populaire le moyen d’accaparer les pouvoirs législatifs, judiciaires et exécutifs ; qu’un corps populaire, agissant sans un contrôle suffisant, est un despotisme déguisé, sous le masque de la liberté ; qu’on avait essayé d’influer sur cette chambre par des menaces et des calomnies, dans la vue de la porter à se soumettre à la volonté de l’autre chambre, &c.
  2. Dans ses propositions, M. Viger entreprenait bien moins la défense du conseil législatif qu’il ne faisait l’apologie de la chambre d’assemblée, prêchait bien plus pour son ancienne que pour sa nouvelle paroisse. On parvint pourtant à lui faire dire : « En dépit de quelques inconvéniens passagers et inhérents à toutes les institutions humaines, la constitution de cette province est propre à avancer la prospérité et le bonheur des sujets canadiens de sa Majesté, et à resserrer les liens qui les unissent à la mère-patrie. »