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n’accordera aucun subside », et cette proposition, ou motion fut secondée par M. Lafontaine.

Cette dernière proposition, qui paraît réjouir le cœur de M. Papineau, lui fournit encore le sujet d’une sortie non moins injurieuse que paradoxale contre le gouvernement de la métropole, celui de la colonie et tous les fonctionnaires publics. « Voter les subsides aujourd’hui, dit-il, c’est déclarer que nous sommes moins accablés sous le poids des souffrances que l’an dernier[1]. L’administration est-elle moins coupable qu’à l’époque des violences du comte de Dalhousie ? avoua-t-elle jamais alors, prétendit-elle avoir des revenus à sa disposition. Le refus des subsides est un moyen constitutionnel, qui doit être exercé comme contrepoids aux abus du pouvoir, qui sont aujourd’hui en plus grand nombre qu’ils n’étaient antérieurement. On a parlé d’une liste civile, et sur quoi fonder en Canada une semblable prétention ? C’est un terme plein d’absurdité, lorsqu’il est appliqué à des colonies.

M. Labrie reconnaît la réalité du tableau de nos maux mais il doute que nous soyons dans des circonstances favorables pour refuser les subsides.

M. Quesnel… « Il me semble que la chambre, qui vient de s’adresser au parlement impérial, devrait attendre une réponse à sa requête, avant d’adopter aucune mesure de rigueur. Ce serait agraver le mal, et faire un faux pas, que d’arrêter la marche du gouvernement. »

M. de Saint-Ours : « Vous avons fait entendre nos

  1. Le Haut-Canada venait de le contredire, et les autres colonies ne tardèrent pas à en faire de même. Quelle absurdité, en effet, de prétendre qu’une assemblée coloniale doit avoir un pouvoir que n’a pas la chambre des communes, celui d’arrêter, d’un coup, la marche du gouvernement, de créer une anarchie complète, ou d’opérer une révolution !