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Si un malheur aussi déplorable pouvait arriver, les victimes pourraient l’imputer à l’inaction du pouvoir. »

Le gouverneur n’aurait pas pu convenablement rencontrer la chambre d’assemblée en parlement, si son orateur ou quelques-uns de ses membres avaient été emprisonnés, ou sous accusation de trahison, etc. ; mais la clôture de la session changeait l’état des choses, et le même journaliste put dire pertinemment, le 28 août, à propos de la manière dont lord Gosford termine sa réponse à l’adresse de l’assemblée : « Cette déclaration sera reçue avec satisfaction par tous les amis de l’ordre, et si les effets suivent les paroles, il est encore à espérer que la paix pourra régner sur cette province. Le temps de l’indulgence est passé, celui de la plus stricte rigueur est arrivé. Il faut frapper les chefs de l’agitation, qui ne vont pas manquer de recommencer à tourmenter nos habitans : il faut punir les journaux incendiaires qui pervertissent l’esprit public, par la propagation des mensonges les plus odieux contre l’administration et contre les amis de l’ordre. »

En effet, loin qu’il y eût encore lieu de chercher à concilier la majorité de la chambre d’assemblée, aux dépens de la tranquillité du pays et de la moralité de ses habitans, il s’agissait de maintenir cette tranquillité et de préserver cette moralité, ou, pour mieux dire, peut-être, l’innocence de la population, en attendant qu’une nouvelle constitution eût remplacé celle que l’assemblée avait répudiée et mise « au néant. » Quant à la répudiation de la constitution, « quel remède », demande un autre journaliste, « appliquera maintenant le gouvernement impérial, dont l’autorité législative est suprême dans cette province ? L’assemblée, ou les meneurs de la majorité semblent l’avoir eux-mêmes