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mineures, et de tâcher de concentrer l’énergie, les talens et le patriotisme qui se trouvent dans la province, en un seul et même effort, pour détourner les calamités d’une discorde intérieure, résultat inévitable de semblables tentatives, et pour placer la province dans une position à pouvoir atteindre les avantages qui, par la faveur de la divine Providence, se trouvent si facilement à sa portée. »

Pour revenir à la chambre d’assemblée, la conduite désespérée qu’elle tint, en cette occasion, n’étonna point ceux qui savaient que les hommes que la politique de parti, ou un désir désordonné de dominer a exaltés et mis hors du sens rassi, ne reviennent point sur leur pas, quelque faux ou dangereux qu’ils aient été, et qu’une idée une fois logée fixement dans leur esprit n’en peut être chassée que par un choc violent, par une catastrophe inattendue sinon toujours épouvantable. Cette conduite avait été prévue par plusieurs de nos écrivains publics, quoique l’acte d’abdication qu’elle impliquait fût sans antécédens dans les annales des peuples. On avait vu des corps législatifs renoncer à leurs pouvoirs, ou les remettre en d’autres mains, par des motifs plus ou moins louables ou patriotiques ; mais il était réservé à notre chambre d’assemblée d’offrir au monde l’exemple unique d’une démission volontaire, d’un suicide politique, médité et accompli dans le désespoir et le dépit de ne pouvoir pas venir à bout de son dessein d’établir dans le pays, à la place de la constitution dont elle tenait son existence, une démocratie pure, ou une tyrannie populaire. Néanmoins, en se suicidant la chambre d’assemblée ne faisait que prévenir l’interdiction où les autorités britanniques n’auraient pas manqué de la mettre, après la réception de sa dernière adresse ; non pour se ven-