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les affaires en seraient mieux aujourd’hui, que nous ne serions pas réduits, ainsi que le dit M. Morin, dans son adresse, à nous jeter, en désespérés, dans les bras de la Providence, et à nous confier au bon vouloir et aux vertus du peuple. Je suis contre l’adresse de M. Morin pour les mêmes raisons que M. Lafontaine est contre l’adresse de M. Taschereau : je la trouve cent fois plus diplomatique que cette dernière. Je suis contre l’adresse de M. Morin, parce qu’elle n’est que la répétition de celle de 1836, parce qu’elle rend impossible le retour de la paix, la conciliation et la reprise des travaux parlementaires. Je n’ai jamais entendu dire que je ferais d’un conseil électif une condition sine qua non de procéder ; je n’ai jamais entendu dire que nous cessions de passer des lois, tant que le conseil ne serait pas électif, car il pourrait se passer vingt ans avant qu’il le devienne. Quoique je désapprouve l’adresse de M. Morin dans les détails, je suis d’accord avec lui sur certains points : je pense comme lui, que dans le moment actuel, nulle réforme n’ayant été effectuée, nous ne devons ni voter les subsides, ni procéder aux affaires. Les communes d’Angleterre ayant déclaré que le conseil législatif ne mérite pas la confiance,[1] tant qu’il ne sera pas réformé, nous ne devons pas voter les subsides. Quant à procéder aux affaires, je crois qu’il serait inutile de le faire, dans ce moment, puisque tous nos bills seraient rejetés,[2] le conseil étant composé comme il l’est. »

  1. Comment donc auraient-ils voulu les faire, puisque, dans la dernière session, le gouverneur avait encore à sanctionner, ou à réserver à la sanction royale, une cinquantaine de bills.
  2. Il faut voir dans les résolutions mêmes si l’on s’exprime ainsi ; mais il paraît que M. Huot ne mettait aucune différence entre « mériter plus de confiance » et « ne mériter aucune confiance. »

    « Si la chambre d’assemblée refuse encore de pourvoir au paiement des fonctionnaires publics, il sera évident qu’elle voudra mettre au néant la constitution de 1791. » — Lord John Russell.