Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/461

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

officielles de l’agitation,) à les destituer avant de leur avoir demandé des aveux formels ou des explications. Les réponses, même de ceux qui ne savaient guère que signer leurs noms, étaient quelquefois d’une extrême longueur, et ordinairement assaisonnés du plus grand nombre et de la plus grande variété d’injures possibles : celle de M. Papineau, interrogé comme officier de milice, fût au moins laconique, sinon élégante et polie.


« Montréal, 14 août, 1837.

« Monsieur, — La prétention du gouverneur de m’interroger sur ma conduite à Saint-Laurent, le 15 mai dernier, est une impertinence que je repousse par le mépris et par le silence.

« Je ne prends donc la plume que pour dire au gouverneur, qu’il est faux, comme dans son ignorance il le peut croire, ou du moins il le dit, que quelques-unes des résolutions adoptées dans l’assemblée du comté de Montréal, tenue à Saint-Laurent, le 15 mai dernier, recommandent la violation des lois.

« Votre obéissant serviteur.
« L. J. Papineau.

(à)

« Samuel Walcott, secrétaire civil. »

Comme les réponses n’étaient jamais satisfaisantes, elles étaient suivies de la destitution, ordinairement après un avis préalable motivé et quelquefois raisonné.

Si les révolutionnaires du Bas-Canada avaient contre eux le gouvernement et le clergé, ils s’en croyaient dédommagés ou compensés par le vacarme que faisaient alors leurs « frères réformistes » du Haut-Canada, d’où il leur venait de temps à autre, ce qu’ils