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notre prétendue bonne constitution que cette exhorbitante prétention. Si des calculateurs corrompus n’avaient pas jusqu’à satiété répété que nous avions la constitution anglaise ; si des dupes n’avaient pas sans réflexion dit et redit que nous l’avions[1], le pays n’aurait jamais été troublé, comme il le sera aussi longtemps que cette imagination obscurcira le jugement public. »

L’éloquence de M. Papineau, quelle qu’elle fût, ne persuada ni M. Neilson[2], ni M. Quesnel, ni M. Labrie, ni M. de Saint-Ours, qui ne voulait pas être en contradiction avec lui-même, avec les vœux qu’il avait exprimés avec 85,000 habitans du pays, en 1827, dans une requête adressée aux trois branches de la législature impériale, et commençant par déclarer la plus grande reconnaissance pour l’inestimable présent que l’Angleterre a fait aux Canadiens, en leur donnant une constitution. « Le conseil législatif, remarque-t-il, à l’exception de quatre ou cinq membres, qui assurément ne le rendent pas pire, était, à cette époque, ce qu’il est à présent ; s’il faut y demander des changemens, c’est dans sa composition, et non dans sa constitution. »

    norer », et vouloir leur faire la leçon et la loi, en les accablant d’injures ? « Pitt, dans les transes, donne une constitution au Canada… Ce ministre effarouché des progrès de la révolution française, ferme les yeux et les oreilles aux observations de Fox. »

  1. M. Papineau ignorait, ou faignait d’ignorer ce qui se passait dans le Haut-Canada, au moment où il parlait.
  2. Nous sommes dans un état de véritable prospérité ; nous jouissons de plus de bonheur qu’aucun autre peuple de la terre… Ces avantages, nous les devons à notre constitution,… l’attaquer, c’est ébranler les fondemens de la société, créer un état de confusion dans des temps malheureux surtout… Qu’on n’oublie pas que la Grande-Bretagne peut recourir à la force physique… Nous sommes heureux et prospères…

    M. Cuviilier trouve (et a raison de trouver) singulier, que M. Neilson tienne un semblable langage, « lorsqu’il est venu lui-même faire déclarer à la chambre, dans ses résolutions, que la province avait été exposée à un long cours de souffrances et d’outrages ».