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(Courrier qui avait le bon esprit de séparer d’eux la masse du peuple, le Herald et la Gazette, qui n’avaient pas toujours cet esprit là ; le Mercury, le Morning Herald, la gazette anglaise et la gazette française de Québec, qui, suivant La Minerve, « ne voyait que des saturnales dans les assemblées populaires », et même, parfois, le Canadien, qui « dénonçait comme criminels les sentimens qu’il avait lui-même exhalés si récemment, quand il soutenait que les mesures proposées par lord Russell rompaient le contrat social, et ne laissait plus d’autre ressort que la force au gouvernement, » et qui déplut tellement aux patriotes de Québec de la jeune et de la basse classe, qui n’entendaient ou ne voulaient rien entendre à ces raisonnemens, qu’ils résolurent d’avoir un journal de leur goût et l’on vit paraître le Libéral, qui parla les doux langues du pays, et s’efforça de surpasser le Vindicator et La Minerve, qui, depuis quelque temps, avait le faible secours du Township Reformer, publié à Stanbridge.

Si les patriotes ne comptaient que deux ou trois journaux dans la province pour soutenir leurs opinions et approuver leurs démarches, ils avaient, au moins annuellement, un autre engin à leur disposition : c’était la célébration de la Saint Jean-Baptiste, fête devenue toute politique. Si la fête avait été jusqu’alors patriotique par les toasts, ou santés, dans le sens radical, ou purement démocratique, dont le festin d’usage était accompagné ; ces santés lui durent donner, cette année, un ton en harmonie avec la nature de l’agitation ; bien qu’il y en eût toujours qui pouvaient mériter l’approbation de tous les partis. Quelquefois aussi, la présence d’hommes respectables et respectés mettait un frein à la fougue révolutionnaire, et l’empêchait au moins d’afficher la rébellion