Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/422

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que de 1774, d’applaudir au succès complet qui fût opposé à la même tentative qui est commencée contre vous. L’étendue du mal que l’on nous veut faire, c’est l’insulte, c’est le mépris avec lequel un gouvernement persécuteur repousse chacune des réformes que vous avez demandées : c’est de vous préparer un avenir plus mauvais que ne l’a été un passé déjà insupportable, c’est enfin de vous voler, de vous arracher le fruit de vos sueurs et de vos travaux, pour soudoyer et rendre plus insolents vos serviteurs. Les anglais ont toujours cru qu’il était juste de tirer l’épée contre ceux qui violaient la loi en cherchant à briser les portes du dépôt public, dont ils avaient remis les clefs à leurs représentans. Dans cette juste et légitime défense, ils ont quelquefois chassé des gouvernans qui violaient des droits aussi chers : quelquefois, ils leur ont tranché la tête… L’histoire nous dit que les anglais ont bien fait de haïr leurs oppresseurs jusqu’à les emprisonner, à les chasser et à les tuer… Un membre du parlement de la plus grande fortune, des plus beaux talens, des meilleurs principes, du dévouement le plus honorable à la cause du peuple, à l’amour de la justice et à la liberté du Canada, s’est écrié, en présence des ministres : ’Oui, si vous prétendez consommer votre œuvre d’iniquité, c’est pour les canadiens une obligation morale devons résister ; oui, si le même sang coulait dans leurs veines que celui qui a produit les Washington, les Franklin, les Jefferson, ils vous chasseraient de leur pays, comme vous avez été justement chassés de vos anciennes colonies.’ Il y a eu, à Londres, des assemblées dans lesquelles le peuple a fait écho à ces énergiques invectives contre de coupables ministres, à cette bienveillante sympathie pour vos souffrances à ces encourageants avertissemens, qu’il est de notre devoir et de notre intérêt de re-