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il soutenir qu’un corps intermédiaire n’est pas nécessaire pour arrêter, d’un côté, la fougue populaire et de l’autre, mettre un frein aux empiètemens du pouvoir exécutif ? Dans l’état actuel des choses, nous n’avons raison de nous plaindre que parceque nous n’avons pas réellement ces trois branches, en ce sens, que la dépendance dans laquelle est placé le conseil législatif le rattache à l’exécutif, et n’en fait guère qu’un seul corps[1]. Mais la mesure proposée, celle de l’extinction du conseil législatif, remédierait-elle à cet inconvénient ? L’assemblée ne se trouverait-elle pas encore dans la même position ?… Au lieu de nous quereller avec le conseil joint au gouverneur, nous nous trouverions en collision directe avec ce dernier, soutenu de plusieurs de ces mêmes hommes, agrégés au conseil exécutif. On ne peut qu’être surpris d’entendre proposer l’abolition du conseil par le même honorable orateur, qui, à l’origine de cette discussion a fait reproche à nos agens de n’avoir pas, lorsqu’ils étaient en Angleterre, répondu à la question qu’on leur fit, pour savoir si un conseil législatif électif ne conviendrait pas mieux au pays que celui que nous avons… Après cette conduite, on devait peu s’attendre à le voir vilipender toute espèce de conseil… C’est assurément aller trop loin ; c’est excéder toutes les bornes de la prudence, c’est outrepasser les pouvoirs que nous ont confiés ceux qui nous ont délégués. S’il nous faut absolument demander des changemens… tâchons d’éviter les extrêmes ; ou plutôt, entre les extrêmes, choisissons, saisissons un milieu pardessus toutes choses, conservons un conseil quelconque… Je n’hésite pas à dire qu’en fait de législation, un corps intermédiaire offre une multitude de résultats utiles,

  1. M. Labrie exagérait ici beaucoup, pour le temps où il parlait.