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DU CANADA.

Canada, si un sujet britannique était lésé sur les bords du Saint-Laurent, le roi d’Angleterre aurait moins de pouvoir d’intervenir que s’il était lésé sur les bords du Danube ou du Bosphore.

« Le gouvernement de sa Majesté ne pouvant accéder à ses demandes, s’est appliqué à chercher des remèdes aux griefs qui existent. Le premier de ces griefs est que les fonctionnaires publics n’ont pas reçu de salaires depuis quatre ans. Si le gouvernement eût suivi l’avis des commissaires, il se serait adressé dès l’année dernière au parlement, pour venir au secours de ces employés ; mais il voulut donner à l’assemblée le temps de considérer le sujet, dans l’espoir, qu’elle verrait enfin la justice de payer les arrérages. L’assemblée ne l’ayant pas fait, il devient nécessaire de recourir à l’intervention du parlement. Il n’y a aucun doute que le parlement n’ait le droit d’intervenir dans un cas d’une aussi extrême nécessité.[1] C’est ainsi qu’il est intervenu, ces années dernières, à l’égard de la Jamaïque. C’est l’intention du gouvernement de n’appliquer les fonds qu’au paiement des sommes que l’assemblée a reconnues comme étant de justes sujets de subsides. Quant au conseil législatif, c’est l’intention du roi d’en faire disparaître tout ce qui peut donner lieu à objection, c’est même l’intention de sa Majesté d’ôter par la suite tout sujet de plainte, quant à la prépondérance des anglais sur les canadiens, dans cette branche du corps législatif. Quant au contrôle des dépenses publiques, le gouvernement ne l’envie pas au corps représentatif, l’assemblée aura le contrôle de tous les revenus de la province, à l’exception de la liste civile… Les canadiens aurons une cham-

  1. Si la nécessité n’eût pas été aussi extrême, ce droit du parlement britannique aurait-il cessé d’exister ?