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un port quelconque). « Il y a assez de temps, s’écrie-t-il, que l’assemblée fait entendre ses lamentations, ce n’est plus le temps des jérémiades. » Il s’étend sur la nécessité de s’éveiller, et d’exprimer de fortes, d’énergiques résolutions, et dans ce qui suit, fournit un échantillon de sa manière de penser et de parler. « Le temps est passé où l’on pouvait soupçonner la loyauté des Canadiens, et s’il est un crime à faire à la mère-patrie, c’est d’avoir oublié leur attachement et les services signalés qu’ils ont rendus. Qui a conservé le Canada à l’Angleterre, dans deux occasions différentes ? Qui a versé son sang pour résister à une domination étrangère ? Le peuple de ce pays seul, et ces infâmes calomniateurs ont été les premiers à vouloir détruire les liens qui l’attachent à la métropole, à les solliciter même à une séparation dont ils repoussaient l’idée. Qu’on se rappelle que c’est dans cette enceinte même, dans le moment où l’ennemi paraissait sur nos côtes, que les commerçans anglais assemblés voulaient à l’unanimité, livrer les clefs de la ville aux assiégeans ! Et qui s’opposa au projet de ces lâches, de ces traîtres ? Qui en arrêta l’exécution ? Qu’il soit dit à l’honneur de mon pays, un canadien, un homme de cette nation qui a volé en masse sur la frontière, en 1812, pour s’opposer à un ennemi qui lui promettait la liberté. Les journées mémorables qui ont couvert d’honneur les enfans du sol, et de honte et d’opprobre ceux d’une terre étrangère, sont un témoignage que la calomnie et l’envie n’ont pu détruire, de la fidélité des Canadiens, qui semble malheureusement avoir été oubliée de la Grande-Bretagne[1]. »

  1. On voit que M. Bourdages, tout en voulant coercer l’Angleterre, et opérer une révolution dans le gouvernement du Bas-Canada, veut continuer à être un sujet fidèle ; mais il y a dans son récit des exagérations outrées, des conclusions fausses, et une confusion de faits et de date qui le rend presque inintelligible.