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DU CANADA.

qui a corrompu le gouvernement provincial, et qui a même poussé les plus hautes autorités de l’empire à des actes et à des projets nuisibles aux fidèles sujets canadiens de sa Majesté… Nos travaux sont devenus infructueux par le rejet systématique, dans le conseil législatif, de tous les projets de loi propres à réparer le passé, à protéger le peuple à l’avenir, à l’éclairer et à avancer son bien-être moral… Le fait que ce corps est demeuré le même, a dû nous ôter la pensée que l’autorité royale eût l’intention de fatiguer le pays par la répétition des même scènes, dans la présente session, au grand discrédit de la constitution vicieuse qu’on a cherché à maintenir. » Et cela suivi d’une séquelle assez longue, de la même teneur et sur le même ton, à sa louange et au blâme du conseil législatif et des partisans de la constitution.

En remerciant la chambre d’assemblée, lord Gosford ne put donner le change qu’aux plus confiants ou aux plus ingénus d’entre ses membres ; on aurait plutôt cru qu’il n’avait pas compris la teneur de l’adresse qu’il venait d’entendre lire, que d’imaginer que les documens qu’il avait à communiquer étaient favorables à toutes les prétentions et demandes de l’assemblée : on ne tarda pas à savoir à quoi s’en tenir, mais pour le moment seulement ; car la dépêche de lord Glenelg, communiquée le lendemain, 27, ne décidait rien pour l’avenir ; elle n’était que la répétition, et parfois l’explication de la précédente, mais sur un ton encore plus humble, comme celui d’un adversaire qui a perdu du terrain et qui craint d’en perdre encore. Le ministre ne s’offense de rien, et il craint de causer la moindre offense ; il ne voit qu’harmonie, accord, là où il y a mésaccord ou mésintelligence manifeste ; il fait dire à la chambre, comme à sa louange, ce qu’elle n’a ni dit, ni prétendu dire, et s’il est obligé de parler de