Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/362

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
363
DU CANADA.

…Tout le monde admet que le Canada est dans un état effrayant d’excitation… Si vous devenez tranquilles, dociles et soumis, on vous bâillonnera ; mais si vous paraissez formidables, les ministres céderont… J’espère que la chambre d’assemblée ne perdra pas de vue un seul moment ces grands principes démocratiques pour lesquels elle combat si noblement, depuis si longtems. Que les représentans du peuple se rappellent toujours cette vérité : nulle proposition du gouvernement ne produira de bien durable pour le pays, si elle ne renferme inconditionnellement la cession du revenu public, de quelque source qu’il provienne, soumis au contrôle de la chambre d’assemblée, et l’introduction du principe électif dans le conseil législatif. Sans ces deux principes essentiels, toutes les autres réformes ne seront qu’illusoires. »

Cette correspondance ne plaisait pas plus au Canadien que les bruyantes assemblées de comté, avec leur « foudroyantes, » et par fois délirantes résolutions. Il attaquait « les amis du Canada, à Londres ; il insinuait qu’ils n’auraient point d’objection à voir cette province en convulsion, dans l’espoir d’en tirer quelque avantage personnel, par des vues d’ambition. » Il n’avait pas non plus pour M. Roebuck un respect sans bornes, et le Vindicator et La Minerve on témoignaient leurs grands et sincères « regrets ; » mais, selon la dernière, ce n’était pas son seul tort, car « il avait pris à tâche de louer tous les actes de l’administration de lord Gosford, » et elle veut le forcer à reconnaître que son Excellence est blâmable au moins de faire parfois des nominations qui ne sont pas populaires.

Il ne faut pas que ce qu’on vient de lire fasse croire que Le Canadien avait cessé d’être patriote dans le sens purement démocratique, ou de la souveraineté du