Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/291

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à l’exemple donné par le Bas-Canada. » Les usages ordinaires de la politesse et du bon ton disparaissaient dans les déclamations parlementaires, dans les harangues au peuple assemblé, dans les résolutions des assemblées de campagnes, et dans les articles de gazettes. En fiers républicains, ou en vrais démocrates, les harangueurs, les résolutionnaires et les folliculaires refusaient aux personnages les plus élevés de la métropole et de la colonie leurs titres honorifiques : c’était tout simplement Peel, Stanley, Spring Rice, tandis que, par une étrange contradiction, le titre de monsieur n’était jamais omis devant les noms des niveleurs Hume, Roebuck, Chapman, Bevans, Mackenzie et autres, et que le titre d’écuyer, souvent refusé à qui l’avait de droit, était prodigué à d’obscurs patriotes, qui certainement n’y avaient jamais eu la moindre prétention. Le Herald imitait en cela le Vindicator et La Minerve, et dans le langage de ces journaux, la brutalité se joignait parfois à la grossièreté.

Pendant que le Vindicator et La Minerve semblaient se laisser tromper grossièrement par leurs correspondans gagés de Londres, sur ce qui devait advenir politiquement en Angleterre, ils trompaient leurs lecteurs, en les assurant que, dans le cas d’un « mouvement, » ou d’une insurrection, les habitans des autres colonies britanniques feraient cause commune avec les Canadiens, ou les patriotes du Bas-Canada. La correspondance radicale et révolutionnaire de Londres ne contribuait pas peu, malgré son extravagance, à confirmer dans cette opinion des hommes sans instruction et irréfléchis, et surtout à influer déplorablement sur les procédés de la chambre d’assemblée, auxquels il nous faut revenir.