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M. l’orateur Papineau, qui, dans un long discours, avait dit, entre autres choses étranges, que l’adresse était un chef-d’œuvre, et s’était servi de termes que son Excellence avait apparemment pris pour des complimens, loin de les regarder comme des injures.

Si la réponse de l’assemblée fût un chef-d œuvre, celle du conseil fut une œuvre chétive, la plus chétive quant au fond et à la forme, que ce corps eût jamais faite à un discours d’ouverture : pas un mot au sujet des dépenses contingentes, que le gouverneur s’était dit autorisé à payer aux deux chambres, et qui devait comprendre des sommes contre le paiement desquelles le conseil avait protesté, comme étant illégal, et sans doute aussi le salaire alloué au nouvel agent de l’assemblée, dont une des attributions semblait être de diffamer le conseil législatif ; pas un mot contre la détermination continuée de rendre le conseil législatif électif c’est-à-dire d’anéantir le conseil existant, qui, en effet, semble par son adresse avoir voulu cacher son existence, ou n’avoir pas compris ce qu’il a entendu lire, dont un passage lui fournissait l’occasion de renouveler l’assurance de son attachement à la constitution et aux institutions du pays, et dont d’autres allaient à peu près à dire qu’à l’avenir, la vie et les biens des citoyens paisibles seraient laissés sans protection dans les élections contestées, et que le gouvernement mettrait sa confiance dans les hommes les plus populaires ; ce qui pouvait signifier des démagogues et des boute-feux, etc. Enfin par cette réponse, le conseil semblait se donner lui-même pour un corps purement nul, débonnaire, faisant abnégation de lui-même, passif ou à peu près pour ne s’occuper que des griefs de la chambre d’assemblée, comme bien fondés.[1]

  1. « C’est la première fois, à ce que nous croyons, que la chambre d’assemblée présente son adresse avant le conseil législatif. Cela