Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas, ou qu’on ne va pas assez loin dans les propositions soumises à la chambre, et en effet, il va bientôt plus loin lui-même, et s’écrie : « Pourquoi ne pas demander la révocation de notre glorieux acte constitutionnel, comme on l’a appelé, mais qui n’était rien moins qu’un octroi de priviléges pour nous : il revêt du pouvoir, en dernier ressort, le roi et son conseil privé : il est humiliant pour nous », &c.

Après quelques mots de M. Neilson, qui trouve prématurée, ou présentée inoportunément, la proposition de M. Bourdages, ce dernier répète qu’il croit que le principal remède aux maux du pays est l’entière extinction du conseil législatif ; mais sa proposition est négativée, à la majorité de 50 contre 19.

En soumettant ses propositions, l’une après l’autre, au comité général, M. Neilson parle peu, mais fournit à d’autres l’occasion de discourir, de déclamer et d’invectiver ab hoc et ab hac.

En secondant la première proposition de M. Neilson, M. Cuvillier dit que le gouvernement provincial s’était opposé à la diffusion des lumières ; qu’il reprochait au peuple d’être ignorant, et qu’il lui ôtait en même temps les moyens de s’instruire. « Le gouvernement français, continue-t-il, nous a fait des dons d’une munificence royale, qui pouvaient répondre suffisamment aux besoins croissants de la population, et qui ont été employés très avantageusement pour l’éducation de la jeunesse canadienne. Nous avons été témoins de ses heureux résultats pour le pays [1] ; et quel sentiment doit réveiller en nous la vue de ce bâtiment

  1. M. Cuvillier est ici d’un avis contraire à celui des historiens, des voyageurs, et des publiscites, qui ont accusé le gouvernement français d’avoir presque entièrement négligé le soin d’instruire le peuple de ce pays ; accusation, au reste, qui pouvait être portée alors contre la plupart des gouvernemens européens.