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tention à leur appel… Le Canada n’est pas, comme l’Irlande, entouré par la mer, et ne peut être cerné facilement par une force navale : au contraire, il a près de lui treize millions de républicains pleins d’enthousiasme… Quant à moi, j’ôserai dire que si l’on tente de persister à mettre en force un système vicieux, plus tôt le Canada secouera le joug, mieux ce sera[1]. M. Roebuck avait été divagant, extravagant, injurieux et follement menaçant : M. Spring Rice, qui lui répondit le premier, fût au moins diffus, en défendant son administration et celle de son prédécesseur : peut-être eût-il dû se borner à ce qui suit :

« Convient-il à un membre du parlement d’avancer que les canadiens seraient justifiables de se révolter, si quelques-unes de leurs demandes étaient rejetées ? Est-il décent d’en appeler à la crainte des communes, quand on sait qu’un appel à leur sympathie ne serait pas infructueux ? J’admets que les canadiens ont des griefs dont ils peuvent demander le redressement ; mais ce redressement ne doit pas être demandé dans un langage de blâme, de censure et de menace, comme celui qui a été employé par le membre pour Bath.

Lord Stanley : « Après les explications de M. Spring Rice, il m’est inutile de défendre mon administration. Quant aux attaques personnelles, je les

  1. Le paragraphe anecdotique suivant nous a paru mériter d’être transcrit : « On sait que cette pièce a été confiée au Dr. Nelson ;… qui voulut bien se charger de cette mission délicate… et devait en conférer avec M. Roebuck. M. Roebuck était particulièrement lié avec l’honorable D. B. Viger, et ce vétéran de la patrie, pendant sa résidence en Angleterre, l’avait particulièrement initié dans notre politique. Il lui avait dépeint avec chaleur et cette logique qu’on lui connaît, le mal qui croissait chaque jour dans notre pays, et le bien qu’on pourrait y produire en accédant de bonne foi à des demandes qui étaient bâsées sur la justice, l’équité et la prospérité commune. M. Viger avait, pour ainsi dire, fait passer dans l’âme de M. Roebuck les convictions dont la sienne était le foyer, et c’est à ces précédens qu’on doit la manière ferme, précise et persuasive, avec laquelle la pétition fut présentée. — La Minerve, 16 avril 1835.