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celle de lui dire de dures vérités[1], et de forcer M. Papineau à faire des aveux significatifs, quant aux prétendus vœux et volonté du peuple[2].

Dans cette première séance furent introduits, par M. Morin, un bill « pour nommer un agent au Royaume-Uni » et par M. Leslie, un bill « pour limiter le nombre des passagers dans les bâtimens qui viennent d’Europe en cette province, etc., et il fût ordonné, sur motion du même membre, que le collecteur des douanes mette devant cette chambre un retour (une liste, ou un état), de tous les vaisseaux, etc.

Le lendemain, 24, la chambre s’étant formée en comité sur le bill de l’agent, M. Morin dit qu’il proposait de nommer un « monsieur qui avait déjà rendu des services signalés à cette province, et que tous les partis respectaient, J. A. Roebuck, écuyer, membre de la chambre des communes ».

  1. « J’ai gardé le silence sur les deux premières propositions, mais je proteste contre la troisième. M. Morin paraît ne pas vouloir se charger de cette résolution, il l’a mise entre les mains d’un nouveau membre qui peut faire usage des termes employés dans le journal que rédige M. O’Callaghan. Cet individu s’est servi envers le gouverneur de termes qu’il n’aurait pas osé adresser à ses égaux hors de cette chambre. « Insultant » et « insolent » ne peuvent jamais être dits par cet individu, du chef du gouvernement, si infiniment élevé au dessus de lui. Il parle aussi de la minorité « factieuse », eh bien il a appartenu longtemps à cette même minorité, et l’oiseau qui salit son propre nid est des plus sales… Ce personnage a signalé l’élection des Deux-Montagnes, de Sorel, etc. Je désirerais connaître la cause des troubles, s’il y en a eu ; si j’en connais quelque chose, ce même Dr. O’Callaghan a beaucoup contribué à causer ces troubles. Les 92 résolutions, qui promettaient une distribution des deniers publics, avant la dernière élection générale, à des gens de la trempe du docteur, sont une des causes de ces troubles, et ce même docteur a été élu par des gens qui ne l’avaient ni vu ni connu, aux ordres talismanigues de certains meneurs… Les paroles du gouverneur ont été vérifiées par les événements ; car nulles manœuvres, nuls artifices n’ont été épargnés par la majorité. »
  2. « Dans un pays nouveau comme le Canada, où le peuple n’est pas encore accoutumé à l’exercice de ses droits politiques, les représentans, aussitôt sortis de l’enceinte de l’assemblée, étant plus au courant des affaires publiques, ont le droit de conseiller leurs constituans dans leurs procédés publics. »