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et particulièrement les 92 résolutions[1]. On imagine quelles harangues furent prononcées, quelles résolutions furent adoptées, à ces assemblées, ou simulacres d’assemblées publiques.

Mais si presque toutes les villes et presque tous les comtés eurent leurs assemblées révolutionnaires, ou agitatrices, et Montréal, son « comité central et permanent », la plupart eurent aussi leurs assemblées constitutionnelles, nommément les cités de Québec et de Montréal, les villes des Trois-Rivières et de Sorel, les comtés de Rouville, Laprairie, Beauharnois, Deux-Montagnes, Terrebonne, Missisquoi, Sherbrooke, Nicolet, etc.

La plupart des signatures apposées aux adresses approuvant les derniers procédés de la chambre d’assemblée, ne furent obtenues que par l’intrigue, la ruse et la déception, comme le prouvèrent, entre autres faits, un grand nombre de rétractations motivées et la répugnance à les signer, dans les endroits où ces moyens indus ne purent être mis en usage sur un grand plan[2].

  1. « À peine la session du parlement était-elle close, que l’on commença à colporter l’adresse au parlement impérial, à former des assemblées, à organiser des comités pour la faire signer et obtenir l’approbation des procédés de la chambre d’assemblée. Si l’on en croit les rapports publics, on employa tous les moyens possibles dans ce but ; les mensonges, les déclamations, les subterfuges ne furent point épargnés ; on prétend même qu’on parcourut les écoles pour obtenir les signatures des enfants. Le peuple travailla par différens partis, signe de droite et de gauche le pour et le contre… Or, je demande quelle confiance on peut mettre dans de pareilles signatures, après de semblables manœuvres ? » — M. Perrault.
  2. « Le Vindicator demande ce que font les comtés de Dorchester, de Lotbinière et de Bellechasse, et si les gens de l’île d’Orléans sont morts. Nous pouvons répondre à cela que nous avons lieu de croire que l’île d’Orléans signe et enverra une assez bonne liste. Quant aux autres comtés, on signe aussi, par endroit, mais pas avec autant de vigueur qu’on aurait pu l’espérer. Le statu quo y fait du tapage. Malgré cela nous attendons encore beaucoup du zèle de plusieurs bons Canadiens qui résident dans ces comtés. » — Le Canadien.