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membres, jointe au manque de restriction à l’éligibilité, du côté de la propriété foncière et de l’âge, avaient beaucoup augmenté, depuis quelques années, le nombre de ces voteurs systématiques, et de ceux aussi auxquels on n’a peut-être à reprocher que de s’être lancés prématurément dans la carrière de la politique.

Les procédés et les débats offrent des indices nombreux que plusieurs de ces derniers étaient entrés dans la chambre avec des intentions droites, des idées saines de convenance et d’équité, malgré l’effet préalable de la licence de la presse, mais l’enthousiasme, la soif même de la justice, jointe à l’effervescence de la jeunesse, ne les rendirent que plus sujets à être exaltés et comme électrisés par des harangues passionnées et inflammatoires ; pour eux M. Papineau n’était pas seulement l’orateur ou le président de la chambre, mais encore un oracle infaillible.

Ces procédés, dont le gouverneur aurait pu rire, s’il n’eût été un homme grave, et voulant la tranquillité et le bonheur du peuple canadien, n’empêchèrent pas son Excellence de communiquer encore officiellement avec la chambre d’assemblée ; cette chambre put, à l’instance de son orateur, tenter de flétrir par bill trois honorables citoyens[1] ; M. Papineau put dire, entre mille autres choses curieuses, que les subsides étaient refusés pour paralyser un gouvernement devenu onéreux, et inculper, ou réprimander, tantôt un membre, tantôt un autre, et M. Stuart s’indigner de cet étrange comportement[2].

  1. L’hon. G. Moffatt, Jules Quesnel, écr., et le capitaine Piper, commissaires pour l’amélioration du hâvre de Montréal.
  2. « Je suis ou ne peut plus surpris du langage de l’orateur de cette chambre, je n’imagine pas quelle leçon nous avons à recevoir de lui plus que de qui que ce soit. Il s’est érigé en un pédagogue impérieux, qui donne la réprimande à ses jeunes écoliers trop tardifs