Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une faction, quand elle met un frein à ses projets d’aggrandissement ? Il y a un fait que tout le monde connaît, un fait qui nous a tous affligés ; je veux parler du 21 mai : je le demande à ceux qui viennent d’entendre cette philippique inflammatoire, si M. Papineau est aussi violent à Montréal qu’il l’est ici, est-il bien difficile de s’expliquer le 21 mai ? Je dirai que les passions d’un homme qui croit que tout est fait pour lui sont dangereuses et funestes. On nous parle de la confusion mise dans nos lois, et pour cela on veut tout bouleverser. On crie contre les menaces et le ton du secrétaire colonial, et qu’est cela auprès des discours de M. Papineau, et de résolutions qui comportent la menace de se joindre aux États-Unis ?… Ces résolutions qu’on nous présente comme le fruit de tant de recherches, sont un chef-d’œuvre de démence. Les Canadiens sont vertueux et loyaux, mais que deviendront leur vertu et leur loyauté, si de telles mesures proposées par des têtes chaudes[1], précipitent le pays dans une lutte avec l’Angleterre ? Les bienfaits de la mère-patrie envers eux sont écrits en gros caractères. Elle leur a conservé leur religion, quand les Washington et les Franklin lui reprochaient de favoriser dans ses colonies un culte impie et blasphématoire. Depuis ce temps, nous avons eu tous les avantages de sujets britanniques, constitution, presse libre, procès par jury, etc. On nous dit que la minorité du conseil n’y veut pas siéger : eh bien, c’est à ceux qui, pouvant s’y trouver, se sont absentés, que nous devons attribuer l’adresse du conseil de l’année dernière… L’orateur de la chambre a un avantage sur Don Quichotte, c’est

  1. « Les Canadiens de la nouvelle école sont vifs, cherchant l’instruction, un peu têtes chaudes. » — Amury Girod.