Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

masse du peuple participe aux vues et aux vœux de la majorité de l’assemblée, mais dans une société où l’instruction a fait peu de progrès, les personnes, même bien disposées, heureuses et contentes, sont sujettes à être induites on erreur par des hommes factieux et mal intentionnés… C’est dans les circonstances exposées ci-dessus, que l’assemblée a proposé à votre Majesté d’abolir cette chambre, et de mettre à sa place un conseil éligible par les propriétaires de biens-fonds de la valeur annuelle de dix livres, mesure bien conçue pour parvenir au but désiré d’obtenir un corps législatif qui serait sous tous les rapports, le pendant de l’assemblée… Quant aux conséquences fatales qu’on pourrait s’attendre à voir résulter d’un tel changement, ses effets immédiats seraient de rendre toutes les charges électives dans la colonie, de jeter de l’incertitude dans l’esprit des sujets de sa Majesté, d’origine britannique, d’empêcher leur accroissement ultérieur, au moyen de l’émigration, et de rompre les liens qui unissent cette colonie à la métropole, tandis que son résultat final serait de mettre en collision les habitans du Haut-Canada et ceux du Bas-Canada ; et d’innonder le pays de sang : car nous sommes pleinement convaincus que les habitans du Haut-Canada ne souffriraient pas tranquillement l’interposition d’une république française[1] entre eux et l’océan.

L’avant dernier paragraphe est une plainte contre M. Viger, « membre de cette chambre, que les me-

  1. Ce mot, qui ne se trouve pas dans les résolutions, et qui pouvait être remplacé si convenablement par celui d’anarchique, était très inconvenant dans la bouche d’hommes graves, comme le devraient être des conseillers législatifs. En effet une république française pourrait valoir une république quelconque, et nous n’hésitons pas à dire que la république française sous le directoire exécutif valut au moins ce qu’avait valu la république anglaise sous Cromwell.