Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

blement, et mettait à d’autres des conditions qui, non-seulement les rendaient inacceptables, mais pouvaient être regardées comme des reproches ou une censure indirecte. Il était tel, enfin, que la chambre elle-même ne pouvait pas s’être attendue que le conseil législatif voulût s’en occuper ; aussi avait-elle eu, cette fois, le besoin de pourvoir à la paix de ses membres par un bill séparé.

En refusant directement ou indirectement, ou diminuant des appointemens nécessaires, la chambre ne songea nullement à diminuer l’énorme salaire de son orateur : pour avoir le prétexte de le lui conserver entier, elle vota illusoirement, ou dérisoirement £1000 au président du conseil législatif, (juge en chef de la province), pourvu qu’il n’eût pas d’autre emploi sous le gouvernement ; et loin de vouloir diminuer le salaire de son agent en Angleterre, à qui, sans le concours des autres branches de la législature, elle avait alloué £1000, la première année et £1,500, la seconde, elle voulut lui allouer, cette année, £1,700. Le conseil législatif avait réclamé et protesté, d’abord, contre l’octroi, dans cette session ; M. Stuart ôsa s’élever et contre l’octroi, et contre la mission même[1].

M. Bourdages ayant proposé que M. Viger fût continué encore une année, comme agent de l’assemblée en Angleterre, et qu’il lui fût alloué £1,700, M. Stuart, en se portant pour opposé à la mesure, dit qu’il

  1. Quelques-uns des membres, et particulièrement M. Bourdages, ont beaucoup parlé, dans cette session, du pouvoir discrétionnaire c’est-à-dire, arbitraire et despotique de l’assemblée, mais nous n’aurions jamais cru sans preuves positives qu’elle portât sa prétention jusqu’à s’imaginer qu’elle pouvait disposer, à son gré et sans contrôle, d’une partie, ou de la totalité du revenu annuel de la province, car là où il n’y a pas de règle fixe, il n’y a rien de défini ou de déterminé. Si la chambre peut convertir £1,000, £2,000 en dépenses contingentes, qui l’empêchera d’en convertir de même £10,000, £20,000, &c. ? — L’Ami du Peuple.