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le revenu de la province devait être et était de droit sous son contrôle, convertissant ainsi tout le revenu provincial en aides, ou subsides, refusables, à sa volonté, et s’arrogeant, conséquemment, un pouvoir que n’a pas la chambre des communes d’Angleterre, celui d’arrêter d’un coup la marche du gouvernement et l’administration de la justice.

Malgré les diminutions, restrictions et conditions avec lesquelles les subsides devaient être offerts, dans un bill de forme nouvelle et coercitive, l’orateur, et quelques autres membres furent d’avis de les refuser entièrement, apparemment pour faire voir à l’Angleterre quel usage ils prétendaient faire du surcroit de pouvoir et d’influence qu’ils lui demandaient, et quelle reconnaissance ils auraient de cet « inestimable bienfait ». ”

Après des débats animés et de virulentes déclamations, M. Papineau parvint à entraîner un peu plus de la troisième partie des membres présents, 27[1], 68 ayant voté pour le refus absolu. C’était une marque, qu’il y avait eu progrès en son sens dans la chambre, ou que l’esprit de parti était passé à l’esprit de révolution.

Mais quelle était la teneur de l’octroi pour lequel votèrent la majorité des membres, la plupart, sans doute, pour, entre les deux écueils, se jetter sur celui qui leur paraissait le moins dangereux ? Une offre dérisoire, sous la forme d’un bill de subsides pire que tous ceux qui, jusqu’alors, avaient été repoussés par le conseil législatif. Il retranchait arbitrairement un nombre de salaires, en diminuait d’autres considéra-

  1. MM. Bedard, Blanchard, Bourdages, Bureau, Cazeau, Desfossés, de Bleury, L. Dorion, Drolet, Fortin, Girouard, Huot, Lafontaine, Letourneau, Morin, Mousseau, Papineau, Poulin, Proulx, Rivard, Roebuck, Rochon, Rodier, Simon, Valois, Vanfelson, Viger.