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verneur en chef considère que c’est maintenant le temps d’adresser ses remercimens aux magistrats de Montréal, pour la fermeté, le jugement et la modération qu’ils ont montrés durant les troubles qui ont agité cette ville, en mai dernier, et qui menaçaient du renouvellement des scènes de désastres, qui, à une époque récente encore, ont eu lieu dans une des villes les plus florissantes de l’empire britannique… Avec cet exemple devant les yeux, il ne serait peut-être pas déraisonnable de présumer que le plus grand nombre des citoyens paisibles de Montréal sont redevables de leur vie et de la conservation de leurs biens à la fermeté des magistrats, et à l’intervention des troupes agissant sous leurs ordres. »

Une communication de la même teneur fût faite, le même jour, au lieutenant-colonel McIntosh et au capitaine Temple.

Cette adresse du gouverneur, accueillie avec plaisir et reconnaissance par tous les amis de la paix publique et de l’ordre légal, parut augmenter le mécontentement de ceux que le verdict spécial et motivé du grand-jury avait irrités ; mais ce qui pourra paraître singulier, c’est qu’à cette occasion, le Canadien de Québec surpassa la Minerve de Montréal, et devint, ou feignit de devenir frénétique, au point de ne savoir plus de quels termes se servir pour exprimer son étonnement et son indignation, et d’en venir à se servir d’un langage qui nous a semblé en dehors de la société civilisée, sinon de la société humaine[1].

Renversant, dans son aveuglement et son implacabilité, la maxime, qu’il vaut mieux laisser échapper cent coupables que de punir un innocent, l’esprit de

  1. « …Ce n’était pas assez de renvoyer absous des individus qui s’étaient baignés dans le sang des fidèles et loyaux sujets canadiens, exerçant le droit le plus sacré et le plus cher que leur donne la cons-