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volontaires. Malgré cette détermination, louée par la Minerve et blâmée par les journaux anglais, qui réprouvaient aussi la manière dont l’enquête avait été conduite, il devait être difficile à des hommes non prévenus ni passionnés, et particulièrement à des gens de loi et à des juges, de croire que le colonel McIntosh et le capitaine Temple avaient été assez intensément insensés ou effrontément scélérats, pour faire tirer en plein jour et devant mille témoins, sur des hommes, ou même sur une foule d’hommes, qui se dispersaient ou se retiraient paisiblement ; et déjà, les magistrats, le gouvernement et les juges avaient par devers eux des renseignemens qui leur ôtaient la possibilité de tout doute sur la nature de l’affaire ; aussi les prisonniers du coroner n’eurent-il aucune peine à obtenir de demeurer libres, moyennant un cautionnement modique.

Cependant, la licence de la presse, à Québec et à Montréal, ne perdait rien de son absurdité ni de sa malignité, en autant qu’à un aveugle esprit de parti se joignait, chez un nombre d’individus, un implacable esprit de vengeance. Cet esprit de vengeance allait parfois jusqu’à se mêler aux cérémonies du culte catholique, et il fallut un grand fléau physique pour rendre moins intense un grand désordre moral. Mais si le choléra asiatique, importé par l’émigration d’Irlande, rendit moins fréquentes, ou moins nombreuses, les assemblées provoquées dans les campagnes, par quelques patriotes de Montréal, ou par leurs affidés, il n’en rendit ni moins atroce ni moins délirant le style de leurs « résolutions ».

Le 11 juin, il y avait eu, à Longueuil, une assemblée dite du comté de Chambly. Ce comté était un de ceux qui avaient établi ce qu’on appelait des « comités