Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

continuée au milieu du tumulte. Après la clôture de la séance, les fauteurs de M. Tracey firent retentir l’air de cris assourdissants et prolongés, et bientôt, on les vit se ruer sur les partisans de l’autre candidat, et les poursuivre avec des pierres et des bâtons, vers la troupe, et jusque dans les maisons où ils se réfugiaient. Les cris, « la populace assassine les citoyens », se firent entendre ; la troupe eût ordre d’avancer : les assaillans[1], retraitèrent, mais ayant été joints par ceux qui étaient parti d’abord avec le Dr . Tracey, ils firent volte-face, revinrent sur leurs pas, et firent pleuvoir une grêle de pierres sur le militaire et sur les magistrats et les constables qui l’accompagnaient. Cette aggression continuant, malgré remontrance réitérée, et paraissant devenir de plus en plus furieuse et dangereuse[2], le commandant, à l’instance d’un ou plusieurs magistrats présents, ordonna à une partie de ses hommes de tirer, et malheureusement, trois individus furent tués, et un ou deux autres blessés.

  1. « Qui étaient presque tous de la plus basse classe d’Irlandais. » Affidavit du Dr . Arnoldi.
  2. Les troupes que j’accompagnais s’avançaient d’un pas ferme, passant devant la banque, où nous fîmes halte ; et après que nous fûmes arrêtés, on lança sur nous des pierres en grande quantité, Le colonel (McIntosh) s’adressa plusieurs fois à ceux qui lançaient des pierres sur les troupes, leur disant : « Ne jettez plus de pierres, car nous ferons feu sur vous. » L’ordre fût alors donné aux troupes, malgré qu’on lançât toujours des pierres sur elles, de continuer leur marche le long de la rue Saint-Jacques, donnant par là occasion à tout le monde, excepté les personnes mal intentionnées, de se retirer, et dans ce but, quoique toujours assaillies par des pierres, l’ordre fût encore donné aux troupes de s’arrêter, la foule alors, en avant, paraissant s’être accrue considérablement, et assaillant les troupes avec des pierres beaucoup plus violemment qu’auparavant. Je vis plusieurs soldats frappés par des pierres, dont quelques-unes tombèrent sur le colonel, et j’en fus moi-même atteint. Dans ces circonstances, où la violence croissait à vue d’œil, le colonel s’avança de nouveau en avant, et cria à plusieurs reprises : « Je vais commander de faire feu, si vous ne cessez. » Le capitaine Temple leur dit aussi qu’on allait tirer sur