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de juin 1787. Plusieurs personnes de rang, et tenant des places de confiance sous le gouvernement, furent interrogées, et « déroulèrent aux yeux du public une scène d’anarchie et de confusion dans les lois et dans la manière dont elles étaient administrées, telle qu’aucune autre colonie britannique n’avait jamais rien vu de semblable, ou même d’approchant ».[1]

Dans la session de 1787, l’ordonnance de milice, passée dix ans auparavant, pour deux années, et continuée jusqu’alors sans amendemens, fut amendée (sans être pour cela améliorée), et rendue perpétuelle. En rendant perpétuelle une loi dont les dispositions pouvaient paraître extrêmement oppressives, même pour un temps de guerre, les législateurs agissaient en sens contraire de ce que les circonstances devaient leur suggérer ; et la raison ne peut guère s’en trouver que dans la supposition, que lord Dorchester et la majorité des conseillers, étaient persuadés que le despotisme militaire le plus rigoureux était le gouvernement qui continuerait à convenir le mieux au Canada.

Une autre ordonnance digne du même despotisme, passée dans la même session, est celle « qui pourvoit au logement des troupes, en certaines occasions, chez les habitans de la campagne, et au transport des effets du gouvernement. » En vertu de cette ordonnance, les habitans de la campagne sont transformés, à la volonté du gouverneur, ou du commandant en chef, en aubergistes, charretiers bateliers, &c., à peine, en cas de refus, ou de négligence, d’amendes fortes et d’emprisonnement. Et quoique les législateurs fussent entrés dans

  1. « Les juges anglais suivaient la loi anglaise, les juges français, la loi française : d'autres ne s'attachaient à aucune loi, mais ils décidaient d'après leurs idées d'équité », et il en sésultait souvent le comble de l'iniquité.