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justice, probité, honneur, c’est-à-dire vertus de devoir, et non pas de surérogation, telles que la tolérance et la générosité. »

M. Grant proposa, en amendement, de nommer un comité, pour prendre en considération et rédiger une adresse au roi, siégeant en son parlement, pour le supplier d’instituer une assemblée, ou tout autre corps électif, qui représentât le peuple de la province, et cela pour plusieurs raisons, qu’il expose, et dont la dernière était, « Que l’établissement d’un gouvernement constitutionnel était le plus sûr moyen d’induire les loyaux, mais infortunés sujets de sa Majesté, habitans des ci-devant colonies, à se fixer dans cette province.[1] »

L’amendement de M. Grant fut rejetté, et la motion de M. de Saint-Luc adoptée, à une majorité de sept.[2] M. Jenkins Williams, greffier du conseil, fut chargé d’aller porter sa requête au pied du trône.

Soit que cette requête eût eu l’effet que ses auteurs s’en étaient promis, soit que le gouvernement d’Angleterre ne fût pus de lui-même disposé à accéder aux vœux de ceux qui avaient demandé une assemblée représentative, il fut décidé que le Canada continuerait à être gouverné,

  1. Voici, au dire de Du Calvet, comment parlaient les loyalistes américains qui s’étaient réfugiés dans la province de Québec : « Nous venons nous réfugier dans cette province, après avoir sacrifié nos biens, exposé nos familles aux calamités du temps, ainsi que nos vies pour le service du roi ; mais si la province continue d’être gouvernée avec le même despotisme qu’elle l’est actuellement, nous la quitterons, et nous irons implorer le secours de nos concitoyens, que nous avons abandonnés, par notre loyale affection pour sa Majesté. »
  2. Les approbateurs de l’adresse furent, MM. de Saint-Luc, Harrison, Collins, Mabane, de Bellestre, Fraser, de Saint-Ours, Baby, de Longueil, Holland, Davidson et Dunn ; les désapprobateurs ou dissidens, MM. Hamilton (lieutenant-gouverneur), Grant, de Léry, Levesques et Finlay. MM. Gugy, Caldwell et Drummond ne votèrent point, soit qu’ils fussent absents, soit qu’ils voulussent garder la neutralité.