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réussir auprès d’un gouvernement : il faut de la grandeur, de l’éclat et de la pompe dans les cours, pour s’y faire remarquer et écouter ; et ce n’est que par l’importance de l’ambassadeur qu’on y juge de l’importance de l’ambassade. » Ces députés eurent pourtant une audience de M. le baron Maseres, ci-devant avocat-général, et alors agent de la province de Québec, qui leur fit une série de propositions dans l’intérêt des Canadiens, sous la forme de questions, auxquelles ils répondirent affirmativement.

Dans ces propositions, on pourvoyait « au plus pressé », et il n’était pas question de l’établissement d’une chambre d’assemblée, en conséquence, peut-être, de l’opposition qu’y avait montrée la noblesse du pays généralement, dans ce que M. Du Calvet appelle une « contrepétition ».

M. Du Calvet, passé en Angleterre, pour y réclamer la protection du gouvernement, et y solliciter le rappel du général Haldimand, s’y évertuait aussi pour procurer à ses compatriotes un avenir plus heureux, ou, comme il s’exprime, « un sort national qui les mît à l’abri des atteintes du despotisme ». À son « Appel à la justice de l’état », publié à Londres, en français et en anglais, il joignit une « Lettre à Messieurs les Canadiens », dans laquelle, après leur avoir mis sous les yeux un apperçu succinct de l’histoire de leur pays, ou plutôt des abus et des vexations du gouvernement colonial, depuis 1763, il leur trace d’une main habile et dirigée par le patriotisme, le plan de gouvernement qu’il croit le plus propre à faire leur bonheur. Ce plan diffère si peu de la constitution de 1791, qu’on serait porté à croire que ceux qui en sont regardés comme les auteurs n’ont été que les copistes de notre compatriote. C’était un plan de gouvernement « assorti avec la dignité d’un peuple aussi