Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/82

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

force dans les districts de Québec et de Mont-réal, mais que les lois anglaises concernant ces matières fussent introduites dans les parties de la province qui, par suite, seraient établies par des Anglais ; que les affaires de commerce fussent aussi réglées par les lois anglaises, dans toute l’étendue de la province, et que le code criminel d’Angleterre demeurât en force.

Cependant, les négociations entamées depuis longtems entre la Grande-Bretagne et ses anciennes colonies, déjà reconnues indépendantes par la France, l’Espagne et la Hollande, amenèrent le traité de paix de 1783. Tout ce qui, après la conquête du Canada, avait été détaché de ce pays, aussi impolitiquement qu’injustement, pour aggrandir les anciennes colonies anglaises, fut réclamé par les Américains, et le ministère britannique, qui n’avait rien de plausible à opposer à leurs prétentions, se vit contraint d’y accéder. Par cette démarcation, les villes de Québec et de Mont-réal ne se trouvèrent plus qu’à quelques lieues des frontières, et le Canada perdit, avec les postes transportés aux États-Unis, une grande partie du commerce profitable qu’il faisait avec les tribus sauvages de l’Ouest. Plus de la moitié des Canadiens de ces quartiers devinrent Américains, sans néanmoins cesser d’être Français, et le Détroit, leur capitale, dut être rayée du nombre des villes canadiennes.[1]

  1. « La population du Détroit, restée française, malgré les vicissitudes politiques qu’elle a éprouvées, conserve nos usages dans le Michigan. Les français, épars et par bourgades dans l’état d’Indiana, perdent incessamment les marques de leur origine C’est parce que ceux du Détroit les conservent religieusement que les habitans instruits du Bas-Canada leur portent une affection de nationalité. » — M. Lebrun.

    « Ce qui ajoutait à mon illusion, c’était le langage de ma patrie que j’entendais dans la bouche des habitans… Mon esprit se reportant dans le passé, se plaisait à rappeller les hauts faits et les