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personnelle, et que le congrès américain pouvait bien ne leur en avoir pas exagéré la défectuosité.

Il est vrai que le conseil législatif avait « le pouvoir et l’autorité de faire des lois pour la police, le bonheur et le bon gouvernement de la province » ; mais, outre que ce conseil ne pouvait rien sans « le consentement du gouverneur, ou du commandant en chef », il n’était pas composé de manière à mériter l’entière confiance des Canadiens[1], et quelques uns de ses actes n’étaient pas propres à donner une haute idée de l’habileté, ou de la libéralité de la majorité de ses membres. Les Anglais se disaient presque entièrement privés de la liberté, et pour mieux réussir à obtenir ce qu’ils appelaient leurs priviléges essentiels et inaliénables, ils crurent devoir s’associer les Canadiens, et ils en trouvèrent un certain nombre disposés à seconder leurs efforts. Il y eut des assemblées publiques, et il fut nommé des comités composés d’Anglais et de Canadiens, pour s’entendre sur ce qu’il convenait de demander, et dresser des projets de requêtes au roi et au parlement. Ces projets furent imprimés en langue française, et répandus profusément dans la province. On y demandait qu’il fût établi une chambre d’assemblée, ou de représentans du peuple ; que l’habeas corpus, et autres lois anglaises relatives à la liberté personnelle, fissent partie de la constitution ; que le procès par jurés eût lieu en matière civile ; que les anciennes lois et coutumes du Canada relatives à la propriété foncière, aux contrats de mariage, au droit d’héritage et au douaire, demeurassent en

  1. Sur vingt-trois membres, dont se composait le conseil législatif, sept seulement étaient Canadiens ; c’étaient MM. de Lacorne-Saint-Luc, Picoté de Bellestre, P. R. de Saint-Ours, de Longueil Chaussegros de Lery, François Levesques et François Baby. MM. H. T. Cramahé et Conrad Guoy (on prononce Guguy) n’étaient ni Anglais ni Canadiens, mais Suisses de naissance.