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(pour reproduire les idées de l’éditeur), « que les ports de la province n’avaient été ouverts jusqu’alors qu’au commerce des choses qui tendaient à la satisfaction des sens ; qu’il n’y existait encore ni une bibliothèque publique, ni même le débris d’une bibliothèque, qui pût être regardé comme un monument, non d’une science profonde, mais de l’envie et du désir de savoir ; que jusqu’alors les Canadiens avaient été obligés de se renfermer dans une sphère si étroite, non faute de la volonté d’acquérir des connaissances, mais faute d’occasion ; que sous le règne précédent, ils n’avaient été occupés, en grande partie, que des troubles qui avaient agité leur pays ; qu’ils ne recevaient d’Europe que ce qui pouvait satisfaire leurs intérêts ou leur ambition ; qu’ils avaient ignoré qu’il est possible d’être grand sans richesses, et que la science peut tenir lieu de biens et d’honneurs ; qu’enfin sous le présent règne, ils n’avaient pas changé d’objet, parce qu’il ne leur en avait pas été offert d’autre. »

Sir Guy Carleton ayant demandé et obtenu son rappel, le général Haldimand, Suisse de naissance, lui fut donné pour successeur. Ce nouveau gouverneur arriva à Québec, au commencement de juillet (1778), et le général Carleton s’embarqua pour l’Angleterre, quelques jours après. Les citoyens de Québec présentèrent à l’un et à l’autre des adresses de félicitation, où nous avons regretté de voir l’esprit d’adulation et de servitude se montrer trop à découvert.

Le général Burgoyne, retourné en Angleterre, eut pour premier soin de chercher à se disculper, et il crut que le meilleur moyen d’y réussir était de rejetter sur autrui le blâme de son irréussite. Il déclama, dans la chambre des communes, dont il était membre, contre les Canadiens, comme miliciens, et se plaignit, en termes