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digne d’être proposé pour modèle aux guerriers. Les Canadiens avaient rendu hommage à sa modération au milieu des succès, et lorsqu’il fut tombé sous les murs de Québec, le général Carleton lui fit rendre les honneurs funèbres dûs à son grade et à l’éclat de ses actions. »

Carleton aurait pu dès lors poursuivre plus loin ses avantages ; mais il crut que le succès serait plus certain, s’il devenait maître de la navigation du lac Champlain. Il se hâta de faire les préparatifs de cette entreprise, et pour en dérober plus longtems la connaissance aux Américains, il fit venir d’Angleterre les ancres, les agrès, les bois tout travaillés des vaisseaux qui devaient être armés. Tous ces matériaux, après avoir traversé pêle-mêle l’océan, furent transportés par le Saint-Laurent et le Richelieu, jusqu’au chantier de construction, où il ne restait plus qu’à les assembler. Les ouvriers nécessaires avaient fait partie de l’expédition : le travail fut fait promptement, mais il avait fallu beaucoup de temps pour le préparer, et ce ne fut qu’au mois d’octobre qu’on eut une flottille composée de trois vaisseaux à trois mâts, de vingt barques, ou chaloupes canonnières, et d’un nombre considérable de barges ou bateaux de transport. Le commandement en fut donné au capitaine (depuis l’amiral) Pringle.

Les Américains avaient été jusqu’alors maîtres de la navigation du lac Champlain, et pour la conserver, ils étaient parvenus à équipper une flottille composée d’une corvette, de deux brigantins et d’une douzaine de bâtimens de moindre grandeur. Le commandement en fut confié au brigadier Arnold. Les deux escadres se rencontrèrent, le 11 octobre, près de l’île de Valicourt : il s’en suivit un engagement très vif entre plusieurs vaisseaux ; mais comme les Anglais, qui avaient le vent contraire, ne pouvaient employer qu’une partie de leurs forces, au