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pourtant exposé à un danger plus imminent, en apparence, que celui auquel il venait d’échapper. À peine était-il entré dans la ville, qu’un parti d’Américains y arriva, et que l’hotellerie où il était descendu s’en trouva remplie. Mais, au moyen de son déguisement, et des manières familières que prit avec lui à dessein l’ingénieux capitaine Bouchette, on put le faire rembarquer dans l’esquif, et atteindre une goëlette, sur laquelle on parvint heureusement à Québec.

Pendant que le général Carleton arrivait ainsi à bon port, la flottille, sur laquelle était resté le brigadier Prescott, avait été forcée de capituler.

Tandis que les Américains attaquaient le Canada du côté de Mont-réal, une autre expédition s’avançait par le sud-est, pour l’attaquer du côté de Québec. Vers le milieu de septembre, le colonel Arnold, détaché, avec environ 1,500 hommes, de l’armée qui assiégeait Boston, s’était rendu à la rivière Marymac, d’où des vaisseaux l’avaient transporté à l’entrée du Kennebec[1]. Il avait remonté cette rivière jusqu’à sa source, avec des difficultés et des fatigues incroyables. Après avoir franchi les hauteurs qui séparent les versans de l’Atlantique et du Saint-Laurent, il avait atteint la source de la Chaudière, et était arrivé, le 4 novembre, à Sartigan, le premier établissement canadien situé sur cette rivière.

Cependant, en l’absence du gouverneur-général, M. Cramahé, qui avait eu quelque vent de l’expédition d’Arnold, avait songé à mettre Québec à l’abri d’un coup de main : il avait donné des ordres pour la construction de nouveaux ouvrages de fortification, et pour

  1. « L’on va par cette rivière, au travers des terres, jusqu’à Québec, quelques cinquante lieues, sans passer qu’un trajet de terre de deux lieues ; puis on entre dans une autre rivière qui vient descendre dedans le grand fleuve Saint-Laurent. » — Champlain.