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Cependant, Montgomery s’était mis en marche pour Mont-réal, et il arriva devant cette ville, le 12 novembre. Comme elle avait été laissée sans moyens de défense, et même sans commandant, le général américain ne voulut point lui accorder une capitulation formelle ; mais il dit, en réponse aux articles qui lui furent présentés par quelques uns des principaux bourgeois[1], « Que l’armée continentale n’était venue que pour donner liberté et sûreté ; qu’il espérait qu’il s’assemblerait un congrès, ou une convention provinciale, qui adopterait avec zèle toutes les mesures qui pourraient contribuer à établir, sur des bases solides, les droits civils et religieux de toutes les colonies », &c.

Apprenant que le général Carleton était retenu, par la contrariété des vents, à la hauteur de Lavaltrie, Montgomery se prépara à l’y aller attaquer, se flattant de le faire prisonnier, avec ceux qui l’accompagnaient, et de mettre ainsi une fin prompte et heureuse à la guerre du Canada. Son dessein ne réussit pourtant qu’à demi. On était heureusement dans la saison des nuits longues et obscures : le brave et loyal capitaine Bouchette, du Gaspé, fit prendre au gouverneur le costume d’un habitant de la campagne[2], et le fit embarquer avec lui, M. Charles de Lanaudière, son aide-de-camp, et un vieux sergent du nom de Bouthilier, dans un esquif, ou canot léger, dont il avait eu la précaution de faire couvrir les bords, de même qu’une partie des rames, avec de la flanelle ; et en voguant ainsi sans bruit, au milieu de l’obscurité, on put atteindre les Trois-Rivières sans accident. Le gouverneur s’y trouva

  1. MM. John Porteous, Richard Huntley, John Blake, Ed. Wm. Gray, James Finlay, James McGill, Pierre Panet, Pierre Meziere, Saint-George Dupré, Louis Carignan, François Malhiot, Pierre Guy.
  2. D’un pêcheur, suivant M. Adolphus.