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devaient s’en suivre, comme une expiation des maux que les Européens leur avaient faits. « Voilà, disaient-ils, la guerre allumée entre les hommes de la même nation : ils se disputent les champs qu’ils nous ont ravis. Pourquoi embrasserions-nous leurs querelles, et quel ami, quel ennemi aurions-nous à choisir ? Quand les hommes rouges se font la guerre, les hommes blancs viennent-ils se joindre à l’un des partis ? Non ; ils laissent nos tribus s’affaiblir, et se détruire l’une par l’autre : ils attendent que la terre, humectée de notre sang, ait perdu son peuple et devienne leur héritage. Laissons les, à leur tour, épuiser leurs forces, et s’anéantir : nous recouvrerons, quand ils ne seront plus, les forêts, les montagnes et les lacs qui appartinrent à nos ancêtres. »

C’était à peu près dans ce sens que M. Cazeau leur parlait, ou leur faisait parler par ses émissaires : « c’est une guerre de frères, leur disait-il ; après la réconciliation, vous resteriez ennemis des uns et des autres. » Mais le chevalier Johnson, le sieur Campbell et M. de Saint-Luc les travaillaient dans le sens contraire, et ils se firent surtout écouter des jeunes gens. Campbell leur prodigua les présens, et Johnson détermina la plupart des chefs de guerre à venir à Mont-réal, pour s’y engager à servir. Ils s’engagèrent à entrer en campagne, aux premières feuilles de l’année suivante ; lorsque les Anglais auraient terminé les préparatifs de guerre qu’ils avaient commencés.

Carleton s’occupait de ces préparatifs avec activité : on devait lui envoyer d’Europe des renforts de troupes, des convois d’armes et de munitions ; il regrettait les délais inséparables de ces armemens. Une invasion au sud du Saint-Laurent lui paraissait nécessaire et urgente, pour dégager la garnison de Boston, alors bloquée par les Américains.