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au gouvernement français auraient bien pu effrayer ses nouveaux possesseurs[1]. Le Cap-Breton fut aussi gratifié d’un gouvernement particulier.

La prédilection montrée pour des îles presque désertes, contribua sans doute à rappeller aux anciens sujets de la Grande-Bretagne établis en Canada, la promesse contenue dans la proclamation royale de 1763. Deux vœux différents se manifestaient depuis longtems dans la province de Québec ; chez les émigrés des Îles Britanniques, ce qu’ils appellaient une assemblée générale, exclusivement composée de protestans ; chez les Canadiens, le rétablissement complet de leurs anciennes lois et coutumes, en matières civiles. Les premiers s’assemblèrent à Québec, et nommèrent un comité pour rédiger une pétition au lieutenant-gouverneur sur le sujet, et une autre au roi, pour le cas où la première n’aurait pas l’effet désiré. Ils invitèrent les Canadiens à assister à leurs assemblées et à prendre part à leurs délibérations. Quelques uns de ces derniers se rendirent, en effet, à l’invitation des Anglais ; mais, après avoir connu leur but, et la composition de la chambre d’assemblée qu’ils demandaient, ils leur déclarèrent qu’ils ne pouvaient pas se joindre à eux, mais qu’ils présenteraient eux-mêmes au roi une requête particulière.

Par le refus des Canadiens de se joindre à eux, les Anglais furent forcés d’agir seuls, et le 3 décembre 1773, ils présentèrent au lieutenant-gouverneur une requête, ou supplique, dans laquelle ils lui disaient, en substance : « Que le roi ayant promis, par sa proclamation du mois d’octobre 1763, à ceux de ses sujets (anglais et protes-

  1. « Les fortifications de Louisbourg, commencées en 1720, coutèrent à la France près de trente millions. On y transporta d’Europe des matériaux, du granit de Cherbourg, du calcaire de la plaine de Caen. Le géologie n’existait pas encore ; on ne savait pas demander aux terrains si variés du Canada des matériaux qu’il procure à présent en abondance. » — M. Lebrun.