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goût aux assemblées bruyantes, aux foudroyants discours, aux fulminantes et tranchantes résolutions[1].

Des jeunes gens, bien intentionnés, sans doute, épris de l’amour de leur patrie et de leurs compatriotes, mais encore sans expérience, s’étaient jettés, à corps perdu, dans la carrière de la politique. Dans leur enthousiasme patriotique, ils devaient, en passant les bornes de la modération et de la prudence, se fourvoyer, et égarer ou mener trop loin, ceux qui les voulurent suivre. Les jeunes gens sont l’espoir de la patrie, non son conseil[2] ; et pour réaliser, ne pas tromper cet espoir, ils doivent attendre que leur temps soit venu, que l’âge, l’expérience, la réflexion et l’étude aient éclairé leur raison et

  1. « Résolu, « Que les prétentions excessives et toujours croissantes de l’administration dans les affaires publiques, causent des craintes et des alarmes parmi les paisibles et loyaux sujets de sa Majesté ; — Que la chambre d’assemblée doit avoir le contrôle des argens prélevés sur la province, et maintenir ce droit avec fermeté, et que le refus de la jouissance de ce droit a causé et cause encore des maux alarmants et préjudiciables à la prospérité, &c. ; — Que cette assemblée approuve la majorité de la chambre d’assemblée, dans la session terminée le 7 mars 1827, et dans celle du 20 et 21 novembre de la même année, &c. ; — Que le gouverneur, en refusant l’orateur de la chambre d’assemblée, a grandement préjudicié aux intérêts de la province, et qu’un tel refus, après en avoir appelé au peuple, est une injure et un mépris propres à aliéner l’affection des sujets de sa Majesté ; — Que le gouverneur en chef, par ses actes et autres moyens, employés directement ou indirectement, par lui ou par ses partisans, pour capter par crainte ou par espérance, l’approbation de certaines personnes, jusqu’alors désapprobatrices de son administration, a perdu la confiance, & c., et n’est aucunement propre à promouvoir le bonheur de cette province. »
  2. Les Romains, tout barbares, ou peu instruits qu’ils étaient, dans les commencemens, ne confièrent pas le manîment de leurs affaires à des jeunes gens, mais à un sénat, c’est-à-dire, à une assemblée d’hommes mûris par l’âge. — En sortant de l’anarchie où les avaient mis leur Convention nationale, presque entièrement composée de jeunes gens, les Français eurent recours à un conseil des Anciens, comme pour mettre un frein à la fougue de celui des Cinq-Cents, où les jeunes gens pouvaient entrer. — En Hollande, il faut avoir 30 ans pour être député, et 40 pour être sénateur. — Louis XVIII. exigea, dans sa charte, l’âge de 40 ans, même pour les députés des départemens, et nous ne voyons guère que l’Angleterre offrir l’anomalie de sénateurs, ou pairs, à peine sortis de l’enfance.